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EPISODE 5

Cuisiner (mal) tue !

« Merde, mais qu’est ce qu’il t’a pris Fred » Demanda Seb en arrivant dans le salon d’honneur vide, au moment même où le Gym venait de se procurer une bonne occasion, à en croire la clameur de la foule confirmée par les images projetées sur les grands écrans de la salle.

 

« Deux bonnes nouvelles en quelques secondes. » Seb avait opté pour la plaisanterie ce qui eut le mérite de détendre un peu l’atmosphère.

 

« Papa, je t’aime » Lâcha Francesco permettant ainsi à la pression de disparaître presque totalement.

 

« Je suis désolé, Seb, Francesco… Je ne sais pas ce qui m’a pris mais quand il t’a parlé comme ça, je n’ai pas pu me contrôler… Excuse-moi Francesco ! » « Pas grave papa, et si j’avais pu le faire moi même, je pense que je l’aurais fait aussi. » Répondit le digne fils de son père.

 

« Bon, je dois remonter. Filez dans mon bureau voir la fin du match et je vous rejoins dès que c’est terminé. » Seb tendit les clefs à Fred qui se dirigea avec Francesco vers le bureau du Président. Le match tourna définitivement à l’avantage des aiglons dans une rencontre presque aussi bouillante dans la tribune VIP que dans celle de la Brigade Sud.

 

« Toc, toc, toc… » « Entrez ! » Répondit Fred qui s’attendait à voir rentrer son ami, même s’il trouvait étrange qu’il frappe à la porte de son propre bureau.

 

Mais, à sa grande surprise, ce fut le Maire qui entra dans le bureau du Président. « Inspecteur Ségur, on m’a relaté ce qui s’est passé dans le couloir avec Olivier et, même si je pense que vous devriez mieux contrôler vos émotions, je peux aussi comprendre votre réaction. Olivier ne portera pas plainte, je puis vous en assurer mais je crois, toutefois, que vous lui devez des excuses. »

 

Fred regardait l’édile droit dans les yeux et ne pouvait s’empêcher de penser qu’il ne ferait jamais d’excuses à ce pailhassou. « Inspecteur, Olivier est derrière la porte, puis-je lui demander d’entrer ? » Questionna le Maire.

 

« Oui. » Répondit brièvement Fred.

 

« Olivier, entre s’il-te plait ? » Le Maire avait ouvert la porte et son conseiller entra dans le bureau, deux cotons rougeoyants encore enfoncés dans les narines et un maillot du club qui avait remplacé sa chemise.

 

« Je tenais à m’excuser. » balança Fred en regardant fixement Olivier.

 

« J’accepte tes excuses mais que ce soit la dernière fois que tu te permets ce genre de choses. » Répondit Olivier stoppé immédiatement dans son élan par son supérieur.

 

« N’en rajoute pas, on s’en va. Au revoir inspecteur et tenez-moi au courant de la suite de l’enquête dès que vous avez quelque chose. ». Les deux hommes disparurent derrière la porte boisée qui s’ouvrit quelques secondes plus tard laissant apparaitre Seb, sourire aux lèvres.

 

« Je tenais à m’excuser…. » Plaisantait le Président en mimant son ami. Un premier pouffement laissa place à un rire qui se transforma rapidement en fou rire.

 

« Allez, je vous embarque, on file au port, la plupart des joueurs nous rejoignent chez Alex, et en plus il m’a dit qu’il avait reçu la première poutine et qu’il nous la préparée en trois façons : Omelette, beignets et en salade. J’en salive déjà. » Invita Seb et chacun enfila rapidement ses vestes et blousons pour filer vers une soirée qui devrait être des plus sympathiques.

 

« Je dois d’abord passer faire un saut à Agecotel, j’ai rendez-vous avec Mme Graglia du cercle de la Capelina d’or. Tu as quelqu’un qui peut me déposer là-bas ? Tu embarques Francesco et je vous rejoins directement chez Alex. » Expliqua Fred.«

 

Pas de souci beu’. Tiens, prends ma voiture et on se fera amener par Virginie. » Dit Seb en tendant les clefs à son ami.

 

La sortie du stade fut assez rapide du fait que le parking des officiels donnait directement sur une voie de dégagement et il ne fallut pas plus de 15 mn à Fred pour rejoindre le Palais des Expositions dans lequel se déroulait l’un des plus beaux salons gastronomiques de France. Juste le temps de laisser la voiture dans le parking Jean Bouin et Fred entra dans le palais, transformé pour l’occasion, en temple de l’hôtellerie et de la restauration, en direction du stand du Cercle de la Capelina d’Or .

 

La faim commençait à faire son apparition et le passage au beau milieu des stands de charcuteries diverses et variées, de pâtisseries aux couleurs chatoyantes et autres de grands crus n’arrangeait absolument rien. C’était la première fois que Fred venait dans ce salon mais il se promit de revenir le visiter à nouveau, à tête reposée, en compagnie de ses deux amis, Sébastien et de Daniel.

 

Mme Graglia l’attendait bien sur son stand, comme prévu. C’était une magnifique « petite vieille », comme on a l’habitude de les surnommer par ici. Pimpante et souriante, elle tendit sa main à Fred « Enchantée inspecteur Ségur, on ne voit plus que vous à la télé ces derniers jours. » La phrase avait amusé Fred qui sourit.

 

« Vous savez donc ce qui m’amène Madame la Présidente ? » Questionna l’inspecteur.

 

« Comment ne pas l’imaginer Monsieur Ségur. Et je tenais à vous rencontrer pour vous donner ma vision des faits, c’est pour cela que j’ai appelé Sébastien, que j’ai connu grand comme ça, vous savez ? » Elle mimait de sa main ridée une hauteur d’un petit mètre.

 

« Nous avions, avec mon mari, notre restaurant juste à côté d’où habitait sa grand-mère maternelle et, presque chaque dimanche, la famille venait manger les raviolis daube chez nous. Si je vous ai fait venir, c’est parce que je suis convaincu que ces chefs ont été punis ! »

 

« Punis, vous dites ! » La coupa Fred.

 

« Oui, punis ! Vous savez notre association milite, depuis des années, pour la sauvegarde et la promotion de la cuisine niçoise. Et, nous savons bien que certains cuisiniers sont plus ou moins précautionneux que d’autres sur la tradition tout comme sur les produits utilisés. Et bien, pour ceux- là, j’ai l’impression qu’ils ont été punis par là où ils ont pêché ! Ramage avait la particularité de mettre des haricots verts dans sa salade niçoise et Latour était connu pour utiliser beaucoup de produits surgelés. Deux grosses entorses aux recettes ancestrales de notre cuisine. Saviez-vous Monsieur Ségur que la cuisine niçoise est la seule au Monde à porter le nom de sa ville ? » Demanda Renée Graglia.

 

« Non, je ne le savais pas. » Répondit Fred qui s’en voulait de ne pas avoir fait ce rapprochement plus tôt. Ni lui, ni aucun membre de son équipe d’ailleurs. Un justicier de la cuisine niçoise, c’était presque irréel.

 

« Et bien oui, il y a bien aussi la cuisine lyonnaise mais elle ne possède pas de label, en tout cas comme le nôtre. Ils ont préféré opter pour labelliser leurs établissements, vous savez les fameux « Bouchons Lyonnais » ? Notre label, lui, récompense le respect du chef et de son restaurant envers la cuisine niçoise mais pas seulement, puisque nous sommes très attentif à la décoration des lieux, à leurs connaissances dans le patrimoine niçois et, bien entendu, aux produits qui sont utilisés pour confectionner les recettes de notre guide. A ce propos, Ramage et Latour avaient fait la demande pour être labellisés, mais elles avaient été refusées en leur temps. » Expliqua Mme Graglia qui tendit un exemplaire du guide des recettes du Label Cuisine Nissarde à Fred.

 

« Je vous remercie beaucoup Mme Graglia, vos informations sont des plus précieuses et me permettriez-vous de vous demander votre numéro de téléphone, si j’ai besoin de vous contacter ? Merci aussi pour ces précieuses recettes, je ne suis pas un cordon bleu mais j’utiliserais bien volontiers votre guide si je me lance un jour dans une daube ou une pissaladière. » Enchaîna Fred.

 

« Bien entendu jeune homme, c’est le 04 93 80 63 75. Et oui, je n’ai pas de ces cochonneries que les gens se collent à l’oreille ou sur lequel ils pianotent toute la sainte journée. » Plaisanta la Présidente qui arborait une superbe capelina dorée autour de son cou.

 

« Merci encore et je vous tiendrais informée de la suite de mon enquête Mme Graglia. » Termina Fred qui donna, une nouvelle et dernière fois, sa main à son hôte qui préféra l’embrasser comme du bon pain. « Bon courage pitchoun et méfi ! » Et elle le gratifia d’une tape amicale dans le dos.

 

A peine dehors, que Fred s’empressa d’appeler Sébastien : « Oui c’est moi, je passe vite fait au commissariat et je vous rejoins directement à l’Agua. Tu vas halluciner… » Expliqua Fred à son ami qui lui répondit qu’ils étaient sur le point de partir du stade et qu’il avait hâte d’en savoir plus.

 

Un second coup de fil pour prévenir Céline et Jeff de la découverte et Fred passa faire un saut au commissariat pour lancer quelques recherches inhérentes à cette nouvelle piste quand son téléphone sonna. C’était son ancien patron : « Fred, seriez-vous disponible, demain soir, nous souhaiterions vous présenter quelques membres de notre association et vous parler d’un plan sur lequel nous avons travaillé ? »

 

« Bien entendu patron, où dois-je me rendre ? » Acquiesça Fred.

 

« Donnons-nous rendez-vous devant la statue de Garibaldi à 18h, si cela vous convient ? » Proposa l’ancien chef.

 

« C’est parfait et merci encore pour votre aide patron. » Clôtura l’inspecteur.

 

Fred se dit qu’en quelques minutes, l’enquête avait beaucoup plus progressé que durant ces derniers jours et cela le rassura. Il était temps pour lui d’aller rejoindre Seb et Francesco pour passer une soirée qui le tiendrait, ne serait-ce qu’un temps, loin de cette affaire qui prenait, quand même, une tournure des plus inhabituelles.

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